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| Crocodile
Réalisateur : Tobe Hooper
Avec : Terrence Evans,
Caitlin Martin, Mark McLachlan
Durée approximative : 1H33
2000
Genre : Gâchis
Degré de violence : Ca dépend des moments
Degré de gore : Le sang coule à flots
Tout commence par une superbe et alléchante mise en bouche.
Un crocodile, c'est une véritable machine à broyer,
à déchiqueter, à arracher et à avaler.
C'est un monstre pouvant bien mesurer dans les 6 mètres.
Dans certains pays, le crocodile compte même l'homme comme
partie intégrante de son menu. Sur un grand écran,
un crocodile est donc un chasseur hors pairs puisqu'il se déplace
aussi bien sur terre que dans l'eau. Quasiment invisible à
la surface de l'eau, il s'approche lentement mais sûrement
de sa proie qui ne se doute de rien. Voilà un très
beau sujet de film : Un crocodile et des victimes potentielles.
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Le charabia qui vient autour n'est
que superflu puisque le but même d'un scénario
pareil est de ne surtout pas s'encombrer avec de l'inutile pour
profiter pleinement des attaques aussi impressionnantes que
possible de l'animal. Aux commandes, on a un vétéran.
Tobe Hooper a un peu changé la face du film d'horreur
en introduisant dans ce milieu toujours en recherche de nouveautés
le principe du méchant à la sale gueule et l'utilisation
d'outils assez dangereux en dehors de leur contexte d'origine.
Même si on doit pas mal de ratés à ce brave
gars, on ne peut que se pencher avec attention au-dessus de
ce bébé. Tout commence très bien : Des
héros bien cons comme il faut, les bons vieux clichés
qui vont assurer un festival de morts bien réjouissants
et une bande annonce qui à elle seule enterre tout le
film. Mais ça, on n'est pas supposé le savoir
! Parce qu'on part d'un pied très positif. La musique
est bonne, la caméra est propre et le terrain de chasse
offert par un petit fleuve paumé entre nulle part et
ailleurs reste somme toute assez crédible. Et voilà
que deux pêcheurs, bouseux de base, saccage un nid qui
n'avait jamais été découvert jusqu'à
présent… Parce que dans ce film, les crocodiles
pondent apparemment à l'air libre sans enterrer leur
progéniture. Soit ! |
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La maman, pas spécialement ouverte à la plaisanterie
nous fait alors une charge admirable et commence le massacre en attaquant
de façon rapide et suffisamment sanglante pour être intéressante.
Les jeunes entrent alors en scène en prélevant un des
œufs rescapés. Ainsi démarre une partie de cache-cache
mortel dans laquelle l'animal a forcément l'avantage du terrain.
Les festivités ne tardent pas à débuter avec
toujours cette impression de vouloir prendre le spectateur à
rebrousse-poil en le surprenant dès que possible. Soyons sincères,
tant qu'on ne voit pas l'animal, comme bien souvent d'ailleurs, le
film est très bon. Et sitôt que ce dernier s'en prend
à l'embarcation des héros, tout part en vrille. Pour
commencer, il n'est pas bien fait du tout. La synthèse baveuse
rend très mal sitôt qu'elle se veut trop présente.
Concrètement, tant qu'on est dans le noir et que l'animal reste
discret (ou rapide) ça va. Dès qu'on passe en plein
jour, ce n'est plus bon du tout. D'un rigidité affligeante,
le crocodile ne remue que sa queue une fois de temps histoire de quand
même faire croire qu'il nage pour de vrai. Les gros plans se
résument à un œil ou à l'extrémité
de la queue, sorte de gros morceau de caoutchouc agité dans
le but de faire croire à un mouvement brusque de l'animal et
sitôt qu'on nous montre la gueule de l'animal, on réalise
à quel point la ressemblance avec un vrai n'est pas évidente…
Le comble est atteint lorsque la bestiole, pour une raison totalement
indéterminée, bondit hors de l'eau et effectue un saut
vrillé au-dessus d'une petite barque… N'importe quoi !
Le final est raté et on en arrive à regretter la bande
annonce qui, elle, promettait énormément.
Les films qui font peur avant même qu'on ne les ait vus sont
bien rares. Crocodile avait vraiment beaucoup d'atouts pour se faire
une place d'honneur dans la catégorie des films de monstres
mais des choix encore incompris foutent tous les efforts par terre.
Une fois de plus, on a l'impression que des idées bizarres
ont été prises sans vraiment savoir pourquoi. Les trop
nombreux plans en plein jour contribuent à rompre avec la monotonie
des films traditionnels durant lesquels tout se passe toujours de
nuit mais les cafouillages synthétiques sont difficiles à
pardonner. De plus, même si les acteurs sont plutôt bons
et semblent fortement y croire, les doubleurs ont eu nettement plus
de mal à retranscrire dans leur voix la terreur liée
à la vision d'un crocodile vous chargeant, la gueule grande
ouverte. On aurait vraiment aimé voir un film réussi.
Ce qu'il faudrait faire, ce serait une contribution de Tobe Hooper
et de Steve Miner. Avec leur
talent réunis et la pratique que chacun a eu dans le monde
de l'horreur plus le passage aquatique qu'ils ont expérimenté,
ça devrait faire un bon truc. Un tel gâchis reste néanmoins
dommage et presque impardonnable.
Dissection d'une mort |
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