L'Effet Papillon / The Butterfly Effect

Réalisateur : Eric Bress, J. Mackye Gruber
Avec : Ashton Kutcher, Amy Smart, William Lee Scott, John Patrick Amedori, Eric Stoltz
Durée approximative : 1H53
2004
Genre : Retour Vers Le Futur en moins marrant
Degré de violence : Plus psychologique que physique
Degré de gore : Rien
http://www.leffetpapillonlefilm.com/

Le regret fait partie intégrante de l'être humain. Si le sous demeuré moyen ne passait pas son temps à se lamenter sur son sort, peut-être que la terre tournerait un peu plus rond. Actuellement, Evan a des troubles de la mémoire. Il peut avoir des blancs pouvant durer de bien longues minutes. La durée de ces derniers laisse alors libre champ à ses petits copains de dynamiter une boîte aux lettres, au père de ceux-ci de le tripoter devant une caméra, à son propre géniteur de lui foutre une raclée phénoménale ou encore à ses mains, supposées incontrôlables, de se saisir d'un couteau. Forcément, si on ajoute à ce début labyrinthique un flash dans le futur bordélique à souhait, les bases sont posées : Il faudra rester jusqu'à la fin sinon on ne comprendra rien ! Cette attitude maintenant vue à maintes reprises est bien désagréable car elle exige que le spectateur suive le film de bout en bout dans jamais avoir le droit d'en avoir marre, sous peine d'être complètement largué. On peut faire des films avec séance de rattrapage mais L'Effet Papillon ne fait pas partie de cette catégorie. Il faut alors comprendre que les voyages dans le temps sont fréquents. Après avoir réalisé à quel point sa vie est misérable, au lieu de tout simplement se foutre par la fenêtre, le héros décide le plus simplement du monde de changer son passé grâce à ses trous de mémoire et à son journal intime. Sur le plan de la crédibilité, le film se place d'emblée dans un contexte surréaliste mais pas plus dérangeant que ça ; ce qui vaut le coup d'oeil est essentiellement le merdier dans lequel se fout Evan à chaque fois qu'il compte bien faire. D'abord il butte son clébard, ensuite il arrache la gueule de sa copine puis ce sont carrément ses bras qui volent pendant que son ami se fait enfermer en tôle. On n'imagine pas ce qu'un petit papillon tout inoffensif peut provoquer comme catastrophe.
Si la réalisation elle-même est exempte de gros accroc, notamment grâce à une bonne caméra et une tension correctement alimentée, les acteurs ne sont en revanche pas tous à la hauteur des espérances du scénario. On commence bien évidemment par le héros médiocre au possible qui passe son temps à tout remettre en cause et à saigner du nez. L'apathie qu'il développe envers un peu tout le monde fait de lui un personnage nombriliste et pas spécialement crédible. C'est après avoir sauté la blonde du coin et tabassé à mort l'assassin de son chien que l'on peut se rendre à quel point n'importe quel abruti aurait pu tenir le rôle en y apportant son zeste de personnalité. Autour de lui, on note Amy Smart qui n'a pas encore une filmographie suffisamment consistante pour que l'on puisse placer en elle le moindre espoir. Après, avec quelques scènes bien fichues et deux ou trois effets spéciaux sympathiques, le film peut tirer de l'ennui profond mais n'arrive que difficilement à capter l'attention continuellement, faute d'un vrai point de départ et, pire, d'un vrai point d'arrivée. Ca aurait fait une bonne série télé ; en deux heures, ça le fait tout de suite méchamment moins.