Incassable / Unbreakable

Réalisateur : M. Night Shyamalan
Avec : Bruce Willis, Laura Regan, Spencer Treat Clark, Samuel L. Jackson
Durée approximative : 1H46
2000
Genre : Naissance d'un Super Héros
Degré de violence : Rien
Degré de gore : Rien

Les Super Héros ont tous leur part d'humanité. Ils sont toujours rongés par un combat intérieur contre leurs vieux démons ce qui les rend fragiles mais aussi incroyablement lourdingues par moment. Comme leur force, leurs pouvoirs ou les moyens dont ils disposent virent allègrement dans l'excès, la crédibilité n'est pas de mise et pour l'aspect humain, on se retrouve en fait avec un trait de caractère tellement superflu et caricatural qu'il ne contribue en rien à rendre le personnage intéressant. M. Night Shyamalan est un réalisateur qui n'a pas une filmographie très consistante jusqu'à présent mais ce qu'il a pu faire a toujours suscité un vif intérêt. Après avoir reconverti Bruce Willis en mort, il le fait revenir à l'écran dans un film à l'annonce plus qu'alléchante. En effet, avec sa cinquantaine bien trempée, le vieux McClane a décidé de ranger son marcel puant. Il a également troquer tous ses flingues contre une petite vie peinard avec un gosse, une femme qui a de moins en moins envie de le voir et un taf qui lui fait voir pas mal de monde. Et voilà que durant un accident de train, tous les passagers y passent sauf lui. Question : Comment cela se fait-ce ? Le point de départ de ce très bon film est à lui tout seul un sujet à moult question uniquement parce que le réalisateur est novateur. Après 6ème Sens, premier gros succès de M. Night Shyamalan, on ne pouvait que s'attendre à une explication hors norme. Un collectionneur fragile, un peu dérangé, se penchera sur le problème. Fan du phénomène Super Héros, le petit bonhomme qui casse ne tardera pas à voir dans le rescapé l'étoffe d'un sauveur. Arrivé à ce stade du film, les interrogations vont bon train mais se limitent en fait à une seule et unique difficulté : Pourquoi ? Tout bêtement ! Epaulé donc par un scénario à tiroirs qui ne se dévoilera entièrement qu'à la fin, M. Night Shyamalan arrive habillement à entretenir un suspens consistant qui se laisse désirer et qui se suit intégralement sans jamais vraiment imposer un rythme trop cadencé. C'est bien là le point le plus remarquable de l'histoire : Le vrai héros, c'est l'anonyme, celui qui ressemble à Monsieur Tout Le Monde, celui qui passe inaperçu et qui veut le rester, pas celui qui s'habille en cuir et qui saute de buildings en buildings…
Incassable… Ce qualificatif est applicable au héros du film. Point de vue action, M. Night Shyamalan n'est pas très bon. Soit ça, soit il privilégie la réflexion à la baston. L'un dans l'autre, le manque de vraies scènes qui bougent est compensé par un scénario qui, d'une part, ne les privilégie pas tellement et, d'autre part, qui aurait même pu souffrir de leur présence. Ainsi, le Super Héros de ce film est d'une passiveté tout ce qu'il y a de plus normale. Il doute de lui-même et veut rester le plus rationnel possible. Il est donc hors de question de regarder Incassable dans le but de voir des gnons ou des effusions de sangs. La suggestion est de mise et même l'accident du train est en hors caméra. On n'a pas toujours besoin de tout montrer. De mémoire, les accidents de trains montrés à l'écran n'ayant jamais été très crédibles, le choix du réalisateur de ne pas montrer cette catastrophe au début du film est alors presque admissible sur le plan purement financier. Et ça permet parallèlement de consacrer une plus grande partie du budget à des acteurs qui seront suffisamment doués pour y croire. Ce n'était pas non plus gagné mais en ce qui concerne leur talent, rien n'est à reprocher. Au final, une toile de fond énigmatique jeté sur un cadre banal avec des personnages correctement peints donne un film qui a la prétention de présenter un héros, un vrai, qui n'a pas lieu d'avoir une suite mais qui en mérite néanmoins largement une. C'est rare !