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Sorti en 2004 en France, ce remake du vieux classique des années
70 mérite bien des attentions. Depuis le milieu des années
90, les films d'horreur sont revenus sur le devant de la scène.
On peut en effet compter une grosse sortie tous les 3 mois en moyenne.
Le début du 21ème siècle n'a pas laissé
beaucoup de chances à un genre qui se voulait être en
perdition, pas à cause d'un public trop restreint mais à
cause de réalisateurs le lapidant régulièrement
à coups de scénarios pourris. C'est bien connu, c'est
dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes. En 1974 était
sorti sur les écrans américains un film assez mauvais
qui n'a bâti sa réputation que sur l'entrée en
matière d'un instrument de torture efficace et bourrin. Le
film faisait alors dans la suggestion et l'aspect terreur était
bien estompé. Maintenant, c'est un peu l'inverse ! Avec un
casting des plus ingénieux et un réalisateur qui a de
l'avenir, Massacre A La Tronçonneuse est ce qu'on peut appeler
un très bon remake. |




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Et même plus ! En effet, si
on se base plus sur la libre adaptation que sur la trame, qui
en elle-même n'a pas changé des masses depuis,
on a presque à faire à un nouveau film. Marcus
filme ce qu'il faut montrer sans jamais traverser la barrière
du grotesque. Ce sont paradoxalement les plans les plus sombres
et les plus suggérés qui foutent le plus cet indescriptible
malaise qui fait se demander si on a bien fait de regarder un
film pareil. Si on veut bien fermer les yeux sur un léger
anachronisme (le film se passe en 1973 mais les futures victimes
écoutent une chanson datant de 1974) et une erreur de
continuité (la voiture du shérif à la fin
est plus ou moins éloignée de celui-ci suivant
le plan), le film peut facilement être transposer en 2003
: Une bande de potes part assister à un concert. En chemin,
les joyeux compères, qui passent le plus clair de leur
temps à baiser et à fumer, ramassent une sorte
de nana désespérément à la masse
qui traînait sur le bord de la route. Elle se fera péter
le caisson un tout petit peu de temps après dans leur
véhicule. Et c'est le début de ce qui signera
leur fin. Le Texas est un des endroits du globe où il
ne fait vraiment pas bon d'être un étranger. L'aspect
réel, plus que réaliste, de la fresque n'est à
la limite pas des plus importants ici puisque ce que le spectateur
veut en regardant un film pareil, c'est un étalage de
cadavres, du gore et suffisamment de quoi se faire dans son
froc. Donc, si on veut voir autre chose que de l'horreur, on
ne va pas voir MALT. Avec son absence de grosses têtes
d'affiche, le film joue alors sur la surprise. Personne n'est
à l'abri d'un mec laid et massif qui se sert d'une tronçonneuse
comme d'autres se servent d'un couteau ou d'une hache. Tous
les habitants du coin sont complètement timbrés
mais il y a néanmoins un semblant d'histoire et de dénouement,
ce qui évite au réalisateur de bêtement
additionner les morts, aussi spectaculaires soient-elles. Même
si on peut reprocher le coup de la caméra au poing pour
l'aspect authentique (Le Projet Blair Witch avait déjà
fait le coup), MALT est très largement regardable, ce
qui prouve que même si innover est devenu très
dur, on peut encore faire de bons films d'horreur.
Jessica Biel parvient à faire oublier ses précédentes
apparitions télévisuelles dans sa composition
de pétasse moralisatrice. Bizarrement, dans ce genre
de films, c'est la personne qui fout tout le monde dans la merde
qui s'en sort le mieux. Si cette petite imbécile n'était
pas créditée au générique de Blade
3, on pourrait placer en elle de grands espoirs. |
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Soit ! Le film place la barre très haut en ce qui concerne
l'horreur pure. Les morts sont bien évidemment annoncées
par la bande sonore mais l'originalité ne vient pas de la musique.
Ce sont les bruits qui mènent les héros vers une agonie
aussi violente que certaine. Le premier du groupe à y passer
se fait d'abord assommer par un Leatherface en grande forme (et déjà
vu à maintes reprises dans des seconds rôles) puis joyeusement
dépecer HC. La force de sa mort vient essentiellement du fait
qu'il semble encore conscient au moment où son bourreau s'exécute
à lui enlever ses vêtements et à le pendre dans
le but de lui arracher son visage. Les détails morbides ne
manquent pas à l'appel et l'angoisse est installée.
S'ensuit la première utilisation de l'instrument de mort qui
amputera le deuxième garçon de la bande de sa jambe
gauche avant que le même taré ne l'embarque dans son
antre. On a une nouvelle fois droit à une bien belle séance
de torture : On suspend le gars à un crochet avant de lui recouvrir
les blessures de gros sel, histoire de mieux le conserver. Avant que
le dernier garçon n'y passe durant une scène qui pourrait
rappeler une mort de Running Man, une des nanas se fera tuer, permettant
à la dernière de se faire la malle. Même durant
l'inévitable et sanglant dernier affrontement, rien ne semble
gagner. Le final est jouissif et tout le monde s'en prend plein les
dents. Du shérif psychotaré aux victimes, tous les acteurs
jouent juste. Le réalisateur maîtrise son film du début
à la fin, donnant alors une incroyable leçon de mise
en scène à son entourage. MALT ne perd jamais en crédibilité
et même si on aurait pu souhaiter un peu plus de tout, on se
console en se disant que ça aurait très certainement
gâché le film. Michael
Bay, qui nous avait habitué à des films plus ciblés
vers l'action, a produit ici une perle, très largement rentabilisée
et qui, on l'espère, donnera naissance à d'autres films
de la même qualité. Un film qui calme !
Dissection d'une mort |
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