Massacre A La Tronçonneuse /
The Texas Chainsaw Massacre

Réalisateur : Marcus Nispel
Avec : R. Lee Ermey, David Dorfman, Terrence Evans, Jessica Biel
Durée approximative : 1H34
2003
Genre : Horreur
Degré de violence : Très violent
Degré de gore : Très gore
http://www.massacrealatronconneuse.com/

Sorti en 2004 en France, ce remake du vieux classique des années 70 mérite bien des attentions. Depuis le milieu des années 90, les films d'horreur sont revenus sur le devant de la scène. On peut en effet compter une grosse sortie tous les 3 mois en moyenne. Le début du 21ème siècle n'a pas laissé beaucoup de chances à un genre qui se voulait être en perdition, pas à cause d'un public trop restreint mais à cause de réalisateurs le lapidant régulièrement à coups de scénarios pourris. C'est bien connu, c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes. En 1974 était sorti sur les écrans américains un film assez mauvais qui n'a bâti sa réputation que sur l'entrée en matière d'un instrument de torture efficace et bourrin. Le film faisait alors dans la suggestion et l'aspect terreur était bien estompé. Maintenant, c'est un peu l'inverse ! Avec un casting des plus ingénieux et un réalisateur qui a de l'avenir, Massacre A La Tronçonneuse est ce qu'on peut appeler un très bon remake.




Et même plus ! En effet, si on se base plus sur la libre adaptation que sur la trame, qui en elle-même n'a pas changé des masses depuis, on a presque à faire à un nouveau film. Marcus filme ce qu'il faut montrer sans jamais traverser la barrière du grotesque. Ce sont paradoxalement les plans les plus sombres et les plus suggérés qui foutent le plus cet indescriptible malaise qui fait se demander si on a bien fait de regarder un film pareil. Si on veut bien fermer les yeux sur un léger anachronisme (le film se passe en 1973 mais les futures victimes écoutent une chanson datant de 1974) et une erreur de continuité (la voiture du shérif à la fin est plus ou moins éloignée de celui-ci suivant le plan), le film peut facilement être transposer en 2003 : Une bande de potes part assister à un concert. En chemin, les joyeux compères, qui passent le plus clair de leur temps à baiser et à fumer, ramassent une sorte de nana désespérément à la masse qui traînait sur le bord de la route. Elle se fera péter le caisson un tout petit peu de temps après dans leur véhicule. Et c'est le début de ce qui signera leur fin. Le Texas est un des endroits du globe où il ne fait vraiment pas bon d'être un étranger. L'aspect réel, plus que réaliste, de la fresque n'est à la limite pas des plus importants ici puisque ce que le spectateur veut en regardant un film pareil, c'est un étalage de cadavres, du gore et suffisamment de quoi se faire dans son froc. Donc, si on veut voir autre chose que de l'horreur, on ne va pas voir MALT. Avec son absence de grosses têtes d'affiche, le film joue alors sur la surprise. Personne n'est à l'abri d'un mec laid et massif qui se sert d'une tronçonneuse comme d'autres se servent d'un couteau ou d'une hache. Tous les habitants du coin sont complètement timbrés mais il y a néanmoins un semblant d'histoire et de dénouement, ce qui évite au réalisateur de bêtement additionner les morts, aussi spectaculaires soient-elles. Même si on peut reprocher le coup de la caméra au poing pour l'aspect authentique (Le Projet Blair Witch avait déjà fait le coup), MALT est très largement regardable, ce qui prouve que même si innover est devenu très dur, on peut encore faire de bons films d'horreur.
Jessica Biel parvient à faire oublier ses précédentes apparitions télévisuelles dans sa composition de pétasse moralisatrice. Bizarrement, dans ce genre de films, c'est la personne qui fout tout le monde dans la merde qui s'en sort le mieux. Si cette petite imbécile n'était pas créditée au générique de Blade 3, on pourrait placer en elle de grands espoirs.
Soit ! Le film place la barre très haut en ce qui concerne l'horreur pure. Les morts sont bien évidemment annoncées par la bande sonore mais l'originalité ne vient pas de la musique. Ce sont les bruits qui mènent les héros vers une agonie aussi violente que certaine. Le premier du groupe à y passer se fait d'abord assommer par un Leatherface en grande forme (et déjà vu à maintes reprises dans des seconds rôles) puis joyeusement dépecer HC. La force de sa mort vient essentiellement du fait qu'il semble encore conscient au moment où son bourreau s'exécute à lui enlever ses vêtements et à le pendre dans le but de lui arracher son visage. Les détails morbides ne manquent pas à l'appel et l'angoisse est installée. S'ensuit la première utilisation de l'instrument de mort qui amputera le deuxième garçon de la bande de sa jambe gauche avant que le même taré ne l'embarque dans son antre. On a une nouvelle fois droit à une bien belle séance de torture : On suspend le gars à un crochet avant de lui recouvrir les blessures de gros sel, histoire de mieux le conserver. Avant que le dernier garçon n'y passe durant une scène qui pourrait rappeler une mort de Running Man, une des nanas se fera tuer, permettant à la dernière de se faire la malle. Même durant l'inévitable et sanglant dernier affrontement, rien ne semble gagner. Le final est jouissif et tout le monde s'en prend plein les dents. Du shérif psychotaré aux victimes, tous les acteurs jouent juste. Le réalisateur maîtrise son film du début à la fin, donnant alors une incroyable leçon de mise en scène à son entourage. MALT ne perd jamais en crédibilité et même si on aurait pu souhaiter un peu plus de tout, on se console en se disant que ça aurait très certainement gâché le film. Michael Bay, qui nous avait habitué à des films plus ciblés vers l'action, a produit ici une perle, très largement rentabilisée et qui, on l'espère, donnera naissance à d'autres films de la même qualité. Un film qui calme !
Dissection d'une mort