La Revanche de Pinocchio / Pinocchio's Revenge

Réalisateur : Kevin Tenney
Avec : Lewis Van Bergen, Ron Canada
Durée approximative : 1H34
1996
Genre : Horreur
Degré de violence : Sans plus
Degré de gore : Faible

La schizophrénie est devenue un instrument au service de l'horreur depuis qu'on s'est rendu à quel point une déficience mentale pouvait sortir un scénariste d'une situation peu commode. On peut facilement imaginer un exemple très théorique mais pourtant déjà effleuré : C'est la fin, le héros se retrouve face à lui-même, une arme à la main. Devant lui se tient une pire saloperie, un tueur sans foi, une ombre menaçante prête à se jeter sur lui toute griffe dehors. Le héros va forcément perdre. Mais que non, boum, car le méchant et le gentil sont une seule et même personne. Si ! Hop, pirouette, on expédie le film rapidement, très rapidement, en espérant que le spectateur lambda n'aura pas trop eu le temps de cogiter sur la raison d'être de l'état psychologique du neuneu à double personnalité.




Et au cas où, on balance un rebondissement d'encore plus dernière minute pour faire sursauter un bon coup ceux qui réfléchiraient. Dans la pratique, ça c'est déjà vu ! Le principe n'a, en lui-même, rien de condamnable. Si on reprend l'exemple du bon Fight Club, on découvre à la fin que les deux personnages centraux du film sont en fait un seul petit gars bien taré comme il faut. Utilisé à outrance, le moindre gadget conduit à des catastrophes. Partant donc du point de départ que ça va pisser le sang dans les chaumières, La Revanche De Pinocchio se présente comme un thriller démoniaque et sanglant. Reprenons dans l'ordre : Un thriller, ça doit foutre les boules. A la rigueur, comme c'est la définition même du thriller, il vaudrait mieux que la tension soit un minimum présente sinon il y aurait de quoi râler. Démoniaque : Si on prend le premier démon qui passe et qu'on le questionne sur l'adjectif dérivé de sa nature, il expliquera posément qu'il s'agit donc d'un qualificatif propre à un état de démence, à un bordel peu commun, à la luxure, à des tas de conneries aux frontières de l'imaginable. Sanglant… Quel beau mot ! Un vrai film bourrin repose essentiellement sur la présence abusive de ce liquide poisseux, synonyme d'une agonie douloureuse ou au moins spectaculaire. Pour être sincère, il n'y a ni de frousse, ni de démon et encore moins d'effusion de sang dans LRDP. Rien ! Une poupée faite de bois, mais hilarante tellement qu'on voit que ce n'est qu'un vulgaire bout de plastique, fout un Bronx de folie dans une famille monoparentale en convaincant la petite dernière que son entourage lui veut du mal. La poupée, qu'elle soit habitée, louée ou possédée par un démon, semble avoir une influence néfaste sur les gosses. Déjà auparavant elle semble avoir causé la mort d'un petiot. Mais bon, il en est que la poupée est en fait aussi raide qu'un passe-lacet et que c'est donc au final la fille qui dépiaute son monde. En fait, arrivé à ce stade des choses, on se pose bien évidemment des tas de questions comme le pourquoi du comment suite à l'arrivée de la poupée dans la voiture de la maman… Et après, on est énervé. Tout simplement énervé car des tas de trucs ne vont pas. Il n'y a pas d'évènement aussi bizarre qu'effrayant comme annoncé dans l'accroche du film. On a tout juste trois petites morts toutes minables et un gadin monumental à cause d'un râteau. La poupée n'a en rien la tronche de l'affiche et sa voix aigue n'arrange pas sa crédibilité. De plus, le fait que tout se passe dans la tête de la gosse a du inciter les producteurs a être "réalistes". La blague ! Alors, dans cette optique, la poupée ne bouge quasiment pas les lèvres quand elle parle… Bon, n'y allons pas par quatre chemin, LRDP est un très mauvais film d'horreur mais l'idée de base est intéressante. Il ne manque en fait à ce film qu'un réalisateur convenable pour tout mettre en forme.
Dans l'état actuel des choses, ça ne vaut pas grand chose.
Dissection d'une mort