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Meurs Un Autre Jour / Die Another Day
Réalisateur : Lee Tamahori
Avec : Pierce Brosnan,
Halle Berry, John
Cleese, Judi Dench,
Colin Salmon, Samantha
Bond
Durée approximative : 2H07
2002
Genre : Action
Degré de violence : Boum
Degré de gore : Suivant
http://www.jamesbond.com
Pour le 20ème épisode officiel de la franchise la
plus rentable du cinéma, les producteurs et accessoirement
propriétaires du logo ont décidé de foutre
un coup aussi monstrueux que possible dans la gueule des spectateurs.
Maintenant que Pierce
Brosnan semble s'être accaparé le personnage de
façon plus que convaincante, de solides garanties sont posées
pour que le cuisant échec du 19ème ne soit pas reconduit.
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Autant dire que la mission du réalisateur
allait être double. D'une part, le malchanceux (Avec Le
Masque de L'Araignée comme principale référence,
on pouvait s'attendre au pire) allait devoir supporter la pression
de la date anniversaire (40 ans) et il allait d'autre part devoir
revaloriser l'agent secret auprès de tout ceux qui avaient
pu être à juste titre déçus par les
précédentes tribulations du héros british.
Le choix de la MGM ne s'avère dès lors pas être
le plus judicieux, en témoignent des plans bizarres ou
des effets de caméra qui peuvent parfois un peu faire
mal à la tête. Si on prend en plus en considération
l'émergence des concurrents, tous plus hilarants de médiocrité
les uns que les autres, il était à craindre un
étalonnage de grossièretés comme tant en
ont déjà été additionnées
dans le genre. Le film peut être vu selon 2 approches
totalement opposées. Il y a d'un côté celle
du divertissement pur, avec les passages obligés, les
gadgets de moins en moins crédibles, le méchant
fort heureusement mégalo, les décors hallucinants
et tout le reste qui fait que James
Bond est James
Bond. On aime ou bien on n'aime pas. A la rigueur, là
n'est pas la question puisque chacun est libre d'apprécier
ou non les abus mis en place pour vainement tenter de stopper
un mec qui s'en sortira sans la moindre égratignure (avec
pourtant du 100.000 volts dans les gencives) en notant même
quelques bourdes comme une porte qui s'ouvre avant qu'on ne
l'ai badgée. Le second point de vue peut alors se concentrer
sur la raison d'être du film, sur les choix qui ont été
faits, sur le fond plus que sur la forme.
Déjà, il est définitivement clair que l'ère
Brosnan creuse
donc un peu plus à chaque tribulation le fossé
qui la sépare des précédents acteurs. Ainsi,
on peut perdre ses repères devant un James
Bond nettement plus orienté vers la technologie au
détriment de l'aventure pur. Il n'est désormais
plus à l'ordre du jour de voir un Bond
s'enfuir en hors-bord sur un fleuve paumé au fond de
la première jungle venue. Maintenant, on se fout sur
la gueule à coups d'armes toutes plus irréalistes
les unes que les autres. Par irréalistes, il faut même
comprendre qu'elles sont abusées. Si auparavant il y
avait quand même une once de plausible, les scénaristes
ont affiché leur volonté de présenter le
héros comme un gars qui sort franchement de l'ordinaire,
et tant pis pour celui qui voudrait lui ressembler. A héros
increvable il faut donc un ennemi increvable. Le challenge est
donc d'offrir en pâture à James
un gars qui aie une paire de baloches suffisamment bien accrochée
pour ne pas trépasser en 3 plans. Le film peut alors
se résumer à un bête 1 contre 1 (dont un
affrontement en voitures des plus jouissifs) dont l'issue est
bien évidemment connue d'avance. Si avant, seul Bond
avait la vedette, il faut maintenant se faire à l'idée
qu'il doit partager l'affiche avec un rôle féminin
toujours trop présent, ce qui altère complètement
avec le charme désuet des vieux épisodes dans
lesquels on voyait des tas de seconds rôles qui puisaient
en cette courte espérance de vie toute leur force. Outre
les habitués au genre, on remarque que 4 autres personnages
essaient de se voler la vedette en se retrouvant nez à
nez par de trop fortuits hasards. Le monde est petit ! Ceci
nous amène tout logiquement vers le titre de l'épisode.
Un des bonus du DVD explique en quoi les rumeurs partent à
une vitesse affolante quand il s'agit de pipoter sur un James
Bond. Si un des premiers titres espérés était
" Beyond The Ice ", il a fallu que l'on écope
d'un insignificatif mélange de mots continuant dans la
lignée de l'ère Brosnan
qui en est en 4 films à son 3ème titre pourri.
Toujours dans cette ère, on passe la très, trop
longue séquence d'ouverture pour en arriver au générique
qui est bien dans l'esprit du film, à savoir faire plus
(si ce n'est mieux) que les autres. Là où la synthèse
n'était pas forcément utile, on a préféré
faire très compliqué, très psychédélique
pour un résultat un peu dérangeant. On peut voir
en ça un certain hommage à Goldfinger qui montrait
alors des passages du film. Exit donc les danseuses à
poil mais place aux plans de torture du héros qui s'est
fait gauler, le con ! Et tout le film repose donc sur l'idée
de vengeance d'un personnage qui n'aura de repos (entre 2 baises)
que quand il aura buté celui qui l'a trahi. Vu l'épaisseur
des personnages, on devine bien rapidement qui va écoper.
On a donc 2 gros méchants, qui n'arrivent pas à
la cheville d'un Jaws ou d'un Oddjob, plus un traître
contre un Bond
en pleine forme et une Jinx qu'on aurait préféré
voir de l'autre côté de la barrière. Si
les vannes fusent à foison, les clins d'il sont
aussi légion. C'est là le plus beau travail du
film. On dénombre une belle poignée de références
pour des films comme Les Diamants Sont Eternels, James Bond
Contre Dr. No, Octopussy,
Opération Tonnerre ou encore Bons Baisers De Russie pour
ne citer qu'eux. John
Cleese semble admirablement prendre ses marques en succédant
au regretté Desmond
Llewelyn en remettant sa 20ème montre à Bond
; Judi Dench
pour sa part oublie ce que son agent a fait pour elle auparavant
et l'abandonne misérablement à l'ennemi. |
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Entre humour et action pure, le film ne subit pas de grosse baisse
de régime mais s'avère finalement bien décevant
pour un mythe qui se casse à chaque fois un peu plus la gueule,
confortant l'idée que les James
Bond louchent de plus en plus sur l'action impersonnelle, avec
néanmoins une chiée d'effets spéciaux. Comme
quoi c'est vraiment dans les vieux pots que l'on fait les meilleures
soupes. Foutue synthèse !
Dissection d'une mort
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